Les défis des femmes en tech
Sophie Ginoux
5 juillet 2022
Conseils
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Vanessa Jean n’a jamais eu peur des boy’s clubs. Au contraire, cette ingénieure à la personnalité bien trempée a toujours été à l’aise entourée de gars. Et il lui en a fallu, de la personnalité, pour se tailler une place dans les tech !
« J’ai toujours été la seule fille dans mes cours, et j’ai vite compris que si tu te sens comme une bibitte à part dans ce milieu, tu risques fort de l’être », indique celle qui a effectué pendant ses études un virage à 360 degrés pour passer du génie biomédical à celui de l’informatique.
« Je précise quand même, dit-elle, que je n’ai pas été jeune une fan des jeux vidéo, ni une fille qui s’amusait à triturer des ordinateurs dans son sous-sol. Je ne correspondais donc peut-être pas aux clichés habituels véhiculés sur les professionnels du numérique, mais j’aimais la logique, le travail d’équipe et la résolution de problèmes, trois critères importants dans mon domaine d’activités… Ce que je n’aurais jamais su sans les précieux conseils d’une orienteuse ! »
Comme quoi, certaines carrières sont parfois issues d’heureuses coïncidences. C’est d’ailleurs aussi une autre d’entre elles qui a conduit l’ingénieure à réaliser un stage de fin d’études au sein de l’entreprise de services-conseils en TI CGI. « En fait, il s’agissait d’un second choix, même pas préparé, avoue Vanessa. Mais il ne faut pas toujours se fier à ce qui est marqué sur le papier, car c’est ce stage qui m’a permis de m’épanouir dans ma profession ! »
Effectivement, Vanessa Jean a finalement travaillé 10 ans au sein de CGI, où elle est passée du statut de co-développeuse à ceux de team lead, de tech lead et enfin de gestionnaire de projets. De cette première expérience, menée auprès de clients des télécoms comme de la distribution alimentaire, elle retire la grande satisfaction d’avoir touché à plein de domaines et d’avoir pu grandir professionnellement tout en mettant au monde deux enfants.
Elle a néanmoins trouvé son véritable équilibre quand elle a intégré les rangs d’Hydro-Québec, où elle a fait sa marque en tant que chargée de programme pour des clients comme Microsoft et Confluence, puis de responsable scrum pour plusieurs secteurs de l’entreprise. « Aujourd’hui, j’amène sur place des équipes à être plus autonomes en leur fournissant les outils pour y arriver », explique-t-elle. Tout un parcours, n’est-ce pas ?
La représentation des femmes dans les TI
Quand on lui demande ce qu’elle pense de la place de la femme dans le secteur des TI, Vanessa Jean est catégorique : « Il ne faut pas croire que tous les hommes de ce milieu sont misogynes. Il y a beaucoup de bons gars dedans, des gars qui n’en ont rien à faire du sexe de leurs collaborateurs si ces derniers amènent une valeur et des idées à un projet. »
Reste toutefois qu’il y a encore des comportements et des biais à corriger. « Par exemple, si un gars se fâche, on dira de lui qu’il a de la drive. Alors que si c’est une femme, on dira qu’elle est dans sa semaine », indique l’ingénieure, qui a aussi manqué des opportunités de voyages d’affaires parce que ses supérieurs pensaient qu’avec sa vie de famille, cela ne l’intéresserait pas. « Mais encore aurait-il fallu qu’ils me le demandent préalablement et me laissent en décider ! Ça peut me tenter, moi, de prendre congé de mon rôle de maman pour quelques jours. Et à l’inverse, une femme sans enfants aimerait aussi ne pas être celle qu’on envoie partout à tout bout de champ. Je ne me suis donc pas gênée pour le dire ouvertement à mon directeur. »
Ce genre de réflexion au sein des équipes de travail vaut aussi pour les professionnels extérieurs. Vanessa est souvent invitée à conduire avec un collègue masculin des entrevues de candidats pour des postes. « Et c’est fou, mais ces candidats me prennent souvent pour la fille des RH, sans me prendre au sérieux. Certains d’entre eux regardent même juste mon collègue en répondant aux premières questions qui leur sont posées. Enfin, jusqu’à ce que je les remette à leur place en leur en posant une à mon tour bien difficile et technique, ha ha ! ».
Vanessa le dit avec humour, mais effectivement, les femmes à des postes techniques forts sont encore rares. Plus rares même que celles qui occupent des fonctions de direction. Une situation que Vanessa Jean aimerait bien sûr renverser en attirant plus de jeunes filles vers ces métiers de la tech qu’elles boudent encore. Elle cite d’ailleurs en exemple plusieurs initiatives comme l’Expo-Sciences et le volet Excelle Science du concours Chapeau, les filles! – pensons aussi des prix tels que celui de Women in Tech for Good, récompensant le leadership féminin dans des organisations et entreprises d’impacts grâce aux technologies – pour stimuler des carrières qu’elle estime variées dans son milieu.
« Je conseillerais aussi à toutes les femmes qui ont de l’ambition de suivre des formations de l’Effet A, créé par des femmes d’affaires capables de fournir le tremplin nécessaire pour atteindre des paliers de gestion », ajoute l’ingénieure qui en a bénéficié.
Finalement, Vanessa Jean croit sincèrement que grâce au changement de culture global auquel nous sommes en train d’assister dans le milieu des TI, « où ça ne passe plus, les gars qui sont cons », ainsi qu’à une plus grande variété de modèles féminins, les femmes en tech seront de plus en plus nombreuses. Souhaitons-le !
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