«Tu peux pas tout connaître en sortant de l’école!»
Céline Gobert
1 mai 2017
Carrière, VFX
4 minutes à lire
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Directeur technique pipeline chez Squeeze depuis 3 ans, il avait d’abord refusé la proposition d’embauche que le studio lui avait fait avant de travailler chez Frima. Retour sur l’aventure Squeeze de ce jeune trentenaire!
Renaud Lessard Larouche assure le lien technique entre les différents départements qui travaillent sur la production VFX d’un film. On pourrait croire qu’il n’y a pas vraiment d’enjeux «humains» dans son quotidien, et pourtant… C’est tout le contraire! Voici notre entrevue.
Espresso-Jobs: C’est quoi le travail d’un directeur technique pipeline?
Renaud Lessard Larouche: Le titre est vague, donc ça dépend du contexte. Chez Squeeze, il s’agit de faire le lien entre les différents départements, techniquement parlant. Chaque département est dans son petit monde et ne communique pas forcément au niveau technique avec les autres. Un film, c’est une grosse chaîne de montage qui implique beaucoup de gens et beaucoup d’étapes. Chaque département va utiliser les datas de l’autre département. Par exemple, le lighter utilise les données de l’animateur, le rigger celle du professionnel en modeling. Mon travail est de m’assurer que ce data se propage correctement.
Comment l’aventure Squeeze a-t-elle commencé pour vous?
J’ai refusé l’offre que m’a fait le cofondateur de Squeeze, Patrick Beaulieu, avant de travailler comme rigger senior chez Frima. Squeeze était tout jeune, et j’avais peur de prendre un risque financier. Je trouvais que c’était une grosse tâche de monter un studio, même si j’étais également charmé par cette petite taille, car je n’aime pas la bureaucratie, qui m’énerve un peu. Plus tard, j’ai été plus à l’aise de faire le saut, et je suis vraiment content.
Quels sont les défis de ce métier?
Mes défis vont être d’absorber les complexités techniques des logiciels utilisés et d’analyser les méthodes de travail. Chaque département a son propre logiciel. Dans un monde idéal un seul logiciel pourrait tout accomplir, toutefois un tel logiciel n'existe pas. On va surtout rencontrer des problèmes au niveau de la représentation dans l’espace par exemple. Mais voir la réalité de chaque département, c’est quelque chose que j’aime beaucoup…
Pourquoi?
C’est important d’apprendre la mentalité des gens qui sont là, ça amène à développer des solutions que l’on n’aurait pas envisagé plus tôt, on peut repenser les choses. Il faut se rappeler qu’on ne pense pas tous pareil. Dans mon travail, je dois prendre en compte les besoins macro, c’est-à-dire un certain mécanisme partagé par tout le monde, et des besoins micro, toutes ces réalités, ces philosophies, auxquelles il faut s’adapter. C’est un vrai challenge.
Quelles sont les contraintes que vous rencontrez?
Les différents logiciels. Certains vont fonctionner en centimètres et d’autres en mètres. Et pour bien fonctionner, il ne suffit pas de multiplier par 100! Il faut prendre en compte, par exemple, les caches géométriques, les caches de volume avec des transparences complexes, comme la fumée. Parfois, il peut être facile d’être fâché ou découragé, des fois tu passes de 2 à 3 semaines non stop sur le même problème, et nous n’avons pas à notre disposition tous les outils dont nous avons besoin. Si l’on travaillait davantage sur des logiciels open source, je pourrais plonger directement dans le code par exemple.
Ça prend quelles qualités pour bien faire ce travail?
Il faut vraiment avoir la capacité de prendre du recul. Si dès que l’ordinateur ne marche pas, tu lui tapes dessus, ça ne va pas! Ce qui fait un bon directeur technique, c’est la rapidité avec laquelle il résout le problème. Ça prend de bonnes méthodes, intelligentes. Si tes "breakers" ne fonctionnent pas, tu en éteins d’abord 20 sur 40 pour voir d’où vient le problème. Dans mon travail, je développe un même type de méthode de résolution de problèmes. Un technicien peut être meilleur au niveau de ses connaissances, mais il lui faut surtout de bonnes méthodes.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient une carrière similaire à la vôtre?
Pour être capable d’offrir le meilleur support possible, il faut toujours creuser les problèmes, même quand ils sont réglés. Tu peux régler un problème immédiatement, mais le plus efficace est de le régler à long terme, ça inclut de comprendre tout ce qui peut causer le problème. C’est le meilleur conseil que je puisse donner.
Il y a plusieurs couches: ça peut être un problème de logiciel, un problème dans le système d’exploitation, tu peux pas tout connaître en sortant de l’école, il faut gratter. C’est pas le bon métier à choisir si tu veux faire du 40 heures/semaine. Il faut avoir envie d’aller plus loin, de tout le temps se mettre à jour sur les nouvelles techniques, être autodidacte. C’est un processus d’amélioration continue, un peu comme en programmation où tu ne reconnais plus le code que tu as fait six mois plus tôt tellement ta façon de travailler change en peu de temps.
Nom du studio: Squeeze Lieu: ville de Québec, fondé en 2011. Activité: Création de projets 3D, de A à Z. Nom des principaux dirigeants: les cofondateurs Patrick Beaulieu et Denis Doré Nombre d’employés: environ 60. Type d’emplois offerts: artistes 3D, modeleurs, concept artist, directeur technique, etc. |
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