Ancien tailleur de pierre, cet artiste 3D senior a tout lâché à l’âge de 28 ans pour effectuer un retour aux études! Avant d’être embauché chez Ludia, il a essuyé de nombreux refus. Entrevue.
Après des études en jeux vidéo et modeling au Campus Ubisoft, et un DEC en Arts plastiques obtenu au Cegep de Chicoutimi, Karl Tremblay s’est spécialisé dans la modélisation d'objets, d'environnements, ainsi qu’en textures.
Artiste 3D senior chez Ludia depuis 1 an et demi, il a travaillé chez Hibernum pendant plus de 5 ans. Pour cela, il lui a fallu retourner sur les bancs de l’école à 28 ans et ça n’a pas été tous les jours facile. Il nous raconte.
Espresso-Jobs: En quoi consiste votre métier aujourd’hui?
Karl Tremblay: Je modèle tous les différents environnements que l’on trouve dans les niveaux d’un jeu. Ça peut être des forêts, des villes, un appartement. Une fois le modèle 3D généré, on applique de la texture, comme de la peinture. On essaie de coller au plus près à la réalité. Par exemple, mon dernier projet comptait une douzaine de niveaux de jeux.
Quels sont les défis principaux quand on modèle? Quels sont vos outils de travail? Vos inspirations?
Il faut posséder un bon souci du détail afin de recréer un environnement lisible, qui soit visuellement attrayant pour le joueur. Pour la modélisation, j’utilise le logiciel 3ds Max. Photoshop pour les textures. Pour monter la 3D, j’utilise les engins de jeux. Pour le projet des Tortues Ninja, qui est un jeu sous licence, il y a déjà une direction artistique de déterminée donc on essaie de la suivre et de respecter une certaine uniformité dans le jeu. Pour d’autres projets, on travaille avec beaucoup de références, que je trouve sur Pinterest, Google Images ou Tumblr. Je dirais que j’ai un style hybride, capable d’être cartoon mais aussi réaliste.
Qu’est-ce qui fait un bon artiste selon vous?
Que le joueur se sente en immersion dans l’environnement que l’on a créé. Il ne faut pas qu’il se pose de questions. Il doit avoir un «waw» instantané. Pour moi, un bon artiste est quelqu’un qui est soucieux des détails, qui regarde toujours autour de lui et garde les choses en tête pour les réutiliser plus tard dans son travail.
Qu’est ce qui vous a démarqué lors de l’entrevue d’embauche chez Ludia?
Mon côté versatile, et ce que ça pouvait leur apporter. Quand j’ai commencé chez Hibernum, on était 15, puis on est passé à 150, j’ai eu l’occasion de toucher un peu à tout: les personnages, les environnements, le rendering, l’éclairage. J’ai fait du Triple AAA, des jeux mobiles. J’ai aussi été lead artist sur quelques projets, donc ce côté gestion était aussi un atout. Après, je dirais que ce qui faut mettre en avant va dépendre des entreprises. Certaines voudront des généralistes, d’autres des spécialistes. La première question qu’un professionnel doit se poser c’est ça: veut-il être généraliste ou spécialiste?
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans la modélisation?
J’étais tailleur de pierres, encadreur, j’ai toujours beaucoup travaillé avec mes mains. Tailleur de pierres, c’était dur physiquement, avec le bruit, la poussière… Je peux le faire en trois dimension maintenant, avec le même impact visuel. C’est un mélange d’artistique et de technique. Les logiciels évoluent sans cesse, les tendances aussi, ça va toujours changer d’année en année.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient réussir dans l’industrie?
De ne jamais baisser les bras! Moi-même, avant d’être embauché par Ludia, j’ai eu beaucoup de refus. Mais, même si ça prend du temps, il y a toujours quelqu’un qui va finir par te donner ta chance. Surtout si c’est ça que tu veux vraiment faire, et que tu as une passion. Quand quelque chose te «drive», vraiment «never give up!». J’avais 28 ans quand j’ai fait mon retour aux études, j’étais le plus vieux de ma cohorte, j’étais prêt à faire des sacrifices.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans votre retour aux études?
Les études en tant que telles, j’ai performé et j’ai aimé ça. Le plus difficile, c’est que je me lançais dans le vide, je quittais même mon travail pour ça! Mais même si ça a pris 6 mois après mes études avant de trouver un emploi, aujourd’hui, je sais que j’ai fait le bon choix et je ne le regrette pas du tout!