Sa lettre de présentation est une B.D!
Céline Gobert
19 avril 2017
Carrière
3 minutes à lire
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Pour entrer au Centre Nad, ce caricaturiste éditorial a misé sur une lettre de présentation en forme de bande dessinée. Et ça a marché!
À 40 ans, Melki Melgarejo a désormais un seul objectif: entrer dans le monde de l’animation 2D, très liée au cartoon. Caricaturiste éditorial de profession, il passe actuellement plusieurs tests pour entrer dans des boîtes comme Oasis Animation ou Sardine Productions.
Il a entre autres bossé pour un site web d’actualité du Paraguay, son pays d’origine, et réalisé quelques illustrations pour les enfants où il raconte une histoire drôle en 3,4 cases.
Entrevue avec cet artiste au métier rare.
Espresso-Jobs: Vous avez commencé le dessin très tôt!
Melki Melgarejo: Oui, c’est dans les espaces blancs des livres de ma mère que j’ai commencé à dessiner, avant de tracer des histoires sur le sol, avec des épines d’oranger qui me servaient de stylos. Déjà, à 6 ans, je dessinais un genre de storyboard par terre et je racontais des histoires! (Rires)
Vous avez misé là-dessus pour entrer au Centre Nad…
Pour entrer au Centre Nad, j’ai présenté une lettre de présentation en forme de bande dessinée! J’y raconte mon histoire: comment je suis né dans un petit village sans électricité du Paraguay, comment je suis arrivé ici au Canada, comment j’ai investi mon argent pour apprendre des langues, mon projet d’immigration...Le directeur des admissions m’a appelé personnellement, il voulait me payer pour garder mon dessin. Je lui ai offert!
Vous êtes caricaturiste. Comment voyez-vous votre mission?
On fait penser les gens. Avec notre opinion, on veut provoquer une réaction, une réflexion par le rire. Comme artiste, communiquer est très important, tout comme raconter quelque chose. C’est pour cela que je suis revenu au storyboard aussi.
Quel est le plus grand défi de votre métier?
Le plus grand défi est de composer avec la censure et l’autocensure. Tu ne peux pas toujours toucher aux intérêts de certaines personnes liées avec les journaux pour qui tu travailles, ou de certaines marques. Ce sont des conditions que tu dois accepter en entrant quelque part.
Y’a-t-il encore des débouchés dans le métier?
Avec l’accès à l’information et les nouvelles technologies, j’imagine qu’on va assister à la naissance d’un nouveau langage caricaturiste éditorial, mélangé avec l’animation par exemple.
C’est quoi un bon caricaturiste selon vous?
Je dirais que c’est un bon gag mélangé à un bon style de dessin. Chacun possède son propre style. Le mien est fait de lignes rapides, expressives.
Diriez-vous que c’est une profession dangereuse aujourd’hui?
Ce n’est pas aussi dangereux qu’en France, par exemple, mais il faut faire attention. Un de mes dessins a fait une petite controverse au Paraguay. Là-bas, les gens sont encore très liés à l’Église catholique. J’ai demandé la même chose au caricaturiste Aislin, qui a travaillé 50 ans à La Gazette, et il me disait : «Il faut t’inquiéter seulement lorsqu’il n’y a pas de réactions sur l’un de tes dessins!» (Rires) Une fois, j’ai caricaturé une équipe de soccer, et le véhicule de l’entreprise pour laquelle je travaillais a été brûlé!
Pensez-vous qu’on peut rire de tout?
Oui, je pense qu’il y a une limite à l’humour. Pas quand on se moque du sport, de la politique et de la religion, mais par rapport à l’individu. Par exemple, je me souviens de certaines caricatures qui se moquaient des victimes d’un tremblement de terre en Italie. Ce n’est pas de bon goût selon moi. Les victimes ne peuvent rien faire.
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