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Web Summit : les penseurs du web ont la gueule de bois!
Radio- Canada
7 novembre 2018
TI, Jeux vidéo, VFX, Actualités
4 minutes à lire
234
Mis à jour le 7 novembre 2018
Le « Davos des geeks » 2018 accueille quelque 70 000 participants, dont 2000 jeunes pousses et 1500 investisseurs à la recherche de partenaires...
« La technologie va-t-elle tuer la démocratie? », « Construire la confiance à l'âge de la désinformation », « Un Internet libre et ouvert n'est plus possible » : la désillusion numérique s'impose comme un thème majeur du Web Summit, qui s'est ouvert lundi soir à Lisbonne.
Mais cette année, les têtes d'affiche des conférences qui se succéderont jusqu'à jeudi ont été invitées en qualité de boussole morale, pour un monde numérique qui a la gueule de bois.
Tim Berners-Lee, un des pionniers d'Internet, a ainsi ouvert le bal sous les ovations de milliers de participants lors de la soirée d'ouverture, en lançant un nouveau « contrat pour le web » censé rendre Internet sûr et accessible à tous.
Sur le même sujet:
Il a inventé le web il y a 30 ans, il veut le révolutionner aujourd’hui !
Il faut fragmenter les géants technos, dit l’inventeur du web
Le physicien britannique, qui avait imaginé en 1989 un « système de gestion décentralisée de l'information » devenu l'acte de naissance du web, constate que son invention, malgré tous ses aspects positifs, s'est considérablement éloignée des idéaux de fondateurs comme lui : « Beaucoup de choses ont mal tourné... Nous avons des fausses nouvelles, des problèmes de respect de la vie privée, des personnes qui sont manipulées », a-t-il déclaré.
Sa fondation dénonce aussi l'extrême concentration qui s'est produite sur Internet. Google, un des tout premiers signataires du « contrat pour le web » avec Facebook ou encore le gouvernement français, collecte 92 % des recettes publicitaires liées aux recherches sur Internet en Europe.
De nombreuses personnalités critiquent aujourd'hui ouvertement la centralisation d'Internet aux mains de quelques géants – les GAFA américains (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
Ces firmes ont acquis des quasi-monopoles chacune dans leur domaine, et une puissance économique qui se traduit par un fort pouvoir politique, bien loin des idéaux qui ont animé les débuts du web.
« On traverse un trou d'air », a admis à l'AFP Paddy Cosgrave, fondateur et patron du Web Summit. « C'est une période de réflexion. Toutes les nouvelles technologies connaissent des cycles similaires. [...] Quand l'imprimerie a été inventée, l'excitation initiale a été remplacée avec le temps par la peur des conséquences potentiellement néfastes. Et finalement, ça s'est bien passé. »
Si l'émergence des réseaux sociaux a joué un rôle dans le printemps arabe et l'élection de Barack Obama, le premier président noir américain, la phase suivante a, elle, rimé avec désinformation et soupçons de manipulation des campagnes qui ont marqué en 2016 l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ainsi que le vote pour le Brexit au Royaume-Uni.
Parmi les intervenants les plus attendus sur ces thèmes figure Christopher Wylie, le lanceur d'alerte qui a révélé, en début d'année, le scandale de Cambridge Analytica, société pour laquelle il travaillait comme directeur de recherche et qui est accusée d'avoir utilisé à des fins politiques les données privées de 50 millions d'utilisateurs de Facebook.
Autre repenti des technologies, Ev Williams, connu surtout pour avoir cofondé Blogger (revendu à Google), puis Twitter, clôturera le salon, jeudi, en tant que patron de Medium, une plateforme de blogues à contre-courant de la culture du viral.
« Nous nous sommes habitués à tout avoir gratuitement, et nous en avons sous-estimé le coût », écrivait-il en mai dernier dans un mini-manifeste publié par le New York Times, où il évoque les problèmes que posent les modèles financiers des grandes plateformes numériques, fondés sur la publicité.
Les utilisateurs ont accès à des services en apparence gratuits (messagerie, recherche et partage d'informations, vidéos...), mais en échange, leurs données personnelles sont revendues aux annonceurs.
Ces modèles, baptisés « économie de l'attention », favorisent les contenus qui attirent le plus d'internautes possible, et retiennent leur attention le plus longtemps.
« C'est une économie de la dépendance, comme les paris ou les jeux vidéo », a estimé Mitchell Baker, la présidente de la fondation Mozilla, elle aussi invitée au Web Summit, lors d'une entrevue à l'AFP.
« Aujourd'hui, tout le monde a une voix [...], mais malheureusement, ce sont les voix les plus bruyantes et souvent les plus violentes qui sont amplifiées parce que les choses les plus négatives, les plus effrayantes attirent notre attention. »
Repentis ou déçus, les pionniers du web entendent profiter de ce Web Summit pour démontrer que le rêve d'un web qui tirerait le meilleur de nous-mêmes peut encore se réaliser.
« La technologie va-t-elle tuer la démocratie? », « Construire la confiance à l'âge de la désinformation », « Un Internet libre et ouvert n'est plus possible » : la désillusion numérique s'impose comme un thème majeur du Web Summit, qui s'est ouvert lundi soir à Lisbonne.
Mais cette année, les têtes d'affiche des conférences qui se succéderont jusqu'à jeudi ont été invitées en qualité de boussole morale, pour un monde numérique qui a la gueule de bois.
Tim Berners-Lee, un des pionniers d'Internet, a ainsi ouvert le bal sous les ovations de milliers de participants lors de la soirée d'ouverture, en lançant un nouveau « contrat pour le web » censé rendre Internet sûr et accessible à tous.
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Il a inventé le web il y a 30 ans, il veut le révolutionner aujourd’hui !
Il faut fragmenter les géants technos, dit l’inventeur du web
Le physicien britannique, qui avait imaginé en 1989 un « système de gestion décentralisée de l'information » devenu l'acte de naissance du web, constate que son invention, malgré tous ses aspects positifs, s'est considérablement éloignée des idéaux de fondateurs comme lui : « Beaucoup de choses ont mal tourné... Nous avons des fausses nouvelles, des problèmes de respect de la vie privée, des personnes qui sont manipulées », a-t-il déclaré.
La centralisation du web
Sa fondation dénonce aussi l'extrême concentration qui s'est produite sur Internet. Google, un des tout premiers signataires du « contrat pour le web » avec Facebook ou encore le gouvernement français, collecte 92 % des recettes publicitaires liées aux recherches sur Internet en Europe.
De nombreuses personnalités critiquent aujourd'hui ouvertement la centralisation d'Internet aux mains de quelques géants – les GAFA américains (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
Ces firmes ont acquis des quasi-monopoles chacune dans leur domaine, et une puissance économique qui se traduit par un fort pouvoir politique, bien loin des idéaux qui ont animé les débuts du web.
« Une période de réflexion »
« On traverse un trou d'air », a admis à l'AFP Paddy Cosgrave, fondateur et patron du Web Summit. « C'est une période de réflexion. Toutes les nouvelles technologies connaissent des cycles similaires. [...] Quand l'imprimerie a été inventée, l'excitation initiale a été remplacée avec le temps par la peur des conséquences potentiellement néfastes. Et finalement, ça s'est bien passé. »
Si l'émergence des réseaux sociaux a joué un rôle dans le printemps arabe et l'élection de Barack Obama, le premier président noir américain, la phase suivante a, elle, rimé avec désinformation et soupçons de manipulation des campagnes qui ont marqué en 2016 l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ainsi que le vote pour le Brexit au Royaume-Uni.
Parmi les intervenants les plus attendus sur ces thèmes figure Christopher Wylie, le lanceur d'alerte qui a révélé, en début d'année, le scandale de Cambridge Analytica, société pour laquelle il travaillait comme directeur de recherche et qui est accusée d'avoir utilisé à des fins politiques les données privées de 50 millions d'utilisateurs de Facebook.
Le coût de la gratuité
Autre repenti des technologies, Ev Williams, connu surtout pour avoir cofondé Blogger (revendu à Google), puis Twitter, clôturera le salon, jeudi, en tant que patron de Medium, une plateforme de blogues à contre-courant de la culture du viral.
« Nous nous sommes habitués à tout avoir gratuitement, et nous en avons sous-estimé le coût », écrivait-il en mai dernier dans un mini-manifeste publié par le New York Times, où il évoque les problèmes que posent les modèles financiers des grandes plateformes numériques, fondés sur la publicité.
Les utilisateurs ont accès à des services en apparence gratuits (messagerie, recherche et partage d'informations, vidéos...), mais en échange, leurs données personnelles sont revendues aux annonceurs.
« Une économie de la dépendance »
Ces modèles, baptisés « économie de l'attention », favorisent les contenus qui attirent le plus d'internautes possible, et retiennent leur attention le plus longtemps.
« C'est une économie de la dépendance, comme les paris ou les jeux vidéo », a estimé Mitchell Baker, la présidente de la fondation Mozilla, elle aussi invitée au Web Summit, lors d'une entrevue à l'AFP.
« Aujourd'hui, tout le monde a une voix [...], mais malheureusement, ce sont les voix les plus bruyantes et souvent les plus violentes qui sont amplifiées parce que les choses les plus négatives, les plus effrayantes attirent notre attention. »
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