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Est-il possible de vivre de la pige en VFX?
Jean-michel Clermont-goulet
6 juin 2019
VFX, Portraits
5 minutes à lire
673
Toute personne étant passée par le monde de la pige, tous domaines confondus, le sait très bien : ce n’est pas toujours évident, et les débuts peuvent être durs. Une question persiste : pouvons-nous vivre de la pige? Selon cet artiste en VFX, oui!
Diplômé en 2014 de la réputée école française d’animation en effets spéciaux, ArtFx Montpellier, cet artiste d’effets visuels cumule l’expérience au sein des grandes boites de VFX. Passionné par l’anatomie animale, il ne cesse de croître son talent ses connaissances en la matière.
Rencontre avec un creature artist et pigiste.
Dès son jeune âge, grâce aux cartes Magic et aux Godzillas de ce monde, Gaël Kerchenbaum a su qu’il était fait pour le monde des effets spéciaux. Par contre, il ne savait pas qu’il allait devenir creature artist.
« J’ai toujours kiffé les créatures quand j’étais petit, dit le Français de 27 ans. J’adorais la fantaisie. »
Sa formation à l’école d’Effets visuels ArtFx de Montpellier, en France, lui a donné « une formation adéquate » et généralise, dit-il. Déjà à ArtFx, je savais que je voulais bosser sur des créatures. »
C’est grâce à ses études approfondies sur l’anatomie que les gens se sont mis à l’aborder en lui disant « hey tu te démerdes pas mal ».
« C’est quelque chose pour laquelle tu dois te spécialiser toi-même en trouvant tes propres ressources pour apprendre, conseille-t-il, et j’en apprends tous les jours. »
L’Anglais d’adoption offre même des cours en ligne sur le sujet, « parce que c’est ce qui me fait kiffer ».
« C’est pour ça que je fais des créatures et que je me spécialise de plus en plus. Je comprends comment l’anatomie fonctionne et je comprends pourquoi un muscle sera fibreux ou la raison pour laquelle un tendon est à tel ou tel endroit. »
Lors d’un projet de fin d’études, il a développé une panoplie de créatures qui lui aura permis de mettre un pied chez Moving Picture Compagny Studios (MPC)… en tant qu’employé salarié.
« J’avais fait des créatures qui matchaient avec ce que la boite fait. Elle venait d’ailleurs de terminer Godzilla », affirme l’artiste.
En plus des créatures, il « adore » réaliser des écorchés. Un écorché est un modèle 3D d’un animal sans sa peau. Le tout lui permet d’approfondir ses connaissances sur l’animal travaillé et voir ce qui se passe à l’intérieur de celui-ci.
« J’ai vraiment besoin de comprendre ce que je fais pour être satisfait », dit-il.
Selon lui, si une personne souhaite travailler comme pigiste, il faut d’abord qu’elle commence comme salarié dans une boîte, qu’elle soit grande ou pas.
« De cette manière, tu développes des aptitudes et leur montre ce que tu vaux tout en apprenant leur façon de travailler, lance-t-il. J’ai utilisé toute mon expérience acquise chez MPC pour continuer à améliorer ma façon de travailler et montrer sur mes réseaux sociaux que je sais travailler comme dans les grosses boites »
Il précise toutefois qu’il « faut se prouver », que « c’est très dur » en début de carrière et que le tout « prend un peu de temps ».
Lors de ses débuts en Freelance, il s’est mis à donner des cours sur une base régulière pendant deux ans, avant de retourner dans la pratique, tout en se tenant informé.
« J’ai fait des ateliers dans plusieurs écoles, dit-il, ce qui m’a permis d’agrandir mon réseau et de continuer de m’éduquer moi-même. »
Le tout lui aura permis de renflouer son portfolio et de recevoir des appels de différents clients intéressés par son travail. Eh oui ! Il est maintenant assez big pour qu’il se fasse contacter, et non le contraire.
« Tu passes pas mal de temps dans ton appartement », mais le pigiste gère son horaire comme bon lui semble. De plus, en tant que freelancer, il est possible de demander plus d’argent à son client.
« Si j’avais à retravailler pour une boite, ce serait à 20 minutes de transport de chez moi, dit l’artiste de 27 ans. Tu perds ton temps dans le métro, alors que tu pourrais donner un cours en ligne, des tutoriels ou faire du sport pour te sentir mieux »
Gaël ne s’en cache pas. Étant pigiste depuis près de cinq ans, le travail d’équipe lui manque.
« C’est un des gros points négatifs du freelance, avoue-t-il. C’est dur d’être toujours seul. C’est pour ça que j’essaie d’alterner. »
Pour cette raison, le jeune artiste organise régulièrement des évènements qu’il surnomme des « creature drink ». L’instant d’une soirée, les gens du monde des VFX se rencontrent au Porterhouse, un pub situé dans Covent Gargen, un quartier londonien, et prennent un coup en parlant de VFX.
Établie dans la capitale britannique avec sa femme, Kerchenbaum avoue que Londres est un gros marché pour les VFX.
« C’est pour ça que je préfère bosser en Angleterre. Si on te propose un projet, ce sera pour Le livre de la Jungle ou Le Roi Lion. En France, si on te propose un projet, ce sera pour quelque chose que personne ne verra jamais. »
Travailler dans le monde de la pige, se spécialiser et pousser plus loin ses connaissances dans le domaine lui permet de trouver du boulot et d’avoir plusieurs projets variés.
S’établirait-il comme pigiste à Montréal ? « Je pense que oui », confirme-t-il, en comparant les similitudes entre Londres et Montréal, précisant en riant que le coût de la vie est « beaucoup moins cher » ici.
« Ce que j’aime de Londres, c’est que tu as vraiment une communauté de gens qui fait du 3D. Tu te retrouves dans un pub, un vendredi soir, et tu as les gens de Framestores d’un côté, MPC et DNEG de l’autre. C’est assez la même chose ici. »
Espresso-Jobs : « As-tu un conseil à donner à un futur pigiste ? »
« Développer sa communication et sa façon de se vendre. C’est pour ça que je poste beaucoup de mes créations sur les réseaux sociaux. Il faut vraiment que les gens puissent venir vers toi et te faire confiance. Le seul moyen est de communiquer tes connaissances et de partager tes savoirs.
En revanche, je déconseille de commencer par la pige ! Juste après les études, si tu veux devenir pigiste, tu ne profiteras pas de l’expérience d’une grosse boite et de son pipeline. Ce qui veut dire que ça te prendra du temps à arriver à un niveau “grosse boîte”. »
Demo reel 2019 from gael kerchenbaum on Vimeo.
Diplômé en 2014 de la réputée école française d’animation en effets spéciaux, ArtFx Montpellier, cet artiste d’effets visuels cumule l’expérience au sein des grandes boites de VFX. Passionné par l’anatomie animale, il ne cesse de croître son talent ses connaissances en la matière.
Rencontre avec un creature artist et pigiste.
Dès son jeune âge, grâce aux cartes Magic et aux Godzillas de ce monde, Gaël Kerchenbaum a su qu’il était fait pour le monde des effets spéciaux. Par contre, il ne savait pas qu’il allait devenir creature artist.
« J’ai toujours kiffé les créatures quand j’étais petit, dit le Français de 27 ans. J’adorais la fantaisie. »
Sa formation à l’école d’Effets visuels ArtFx de Montpellier, en France, lui a donné « une formation adéquate » et généralise, dit-il. Déjà à ArtFx, je savais que je voulais bosser sur des créatures. »
L’anatomie avant tout
C’est grâce à ses études approfondies sur l’anatomie que les gens se sont mis à l’aborder en lui disant « hey tu te démerdes pas mal ».
« C’est quelque chose pour laquelle tu dois te spécialiser toi-même en trouvant tes propres ressources pour apprendre, conseille-t-il, et j’en apprends tous les jours. »
L’Anglais d’adoption offre même des cours en ligne sur le sujet, « parce que c’est ce qui me fait kiffer ».
« C’est pour ça que je fais des créatures et que je me spécialise de plus en plus. Je comprends comment l’anatomie fonctionne et je comprends pourquoi un muscle sera fibreux ou la raison pour laquelle un tendon est à tel ou tel endroit. »
Lors d’un projet de fin d’études, il a développé une panoplie de créatures qui lui aura permis de mettre un pied chez Moving Picture Compagny Studios (MPC)… en tant qu’employé salarié.
« J’avais fait des créatures qui matchaient avec ce que la boite fait. Elle venait d’ailleurs de terminer Godzilla », affirme l’artiste.
En plus des créatures, il « adore » réaliser des écorchés. Un écorché est un modèle 3D d’un animal sans sa peau. Le tout lui permet d’approfondir ses connaissances sur l’animal travaillé et voir ce qui se passe à l’intérieur de celui-ci.
« J’ai vraiment besoin de comprendre ce que je fais pour être satisfait », dit-il.
« Il faut se prouver »
Selon lui, si une personne souhaite travailler comme pigiste, il faut d’abord qu’elle commence comme salarié dans une boîte, qu’elle soit grande ou pas.
« De cette manière, tu développes des aptitudes et leur montre ce que tu vaux tout en apprenant leur façon de travailler, lance-t-il. J’ai utilisé toute mon expérience acquise chez MPC pour continuer à améliorer ma façon de travailler et montrer sur mes réseaux sociaux que je sais travailler comme dans les grosses boites »
Il précise toutefois qu’il « faut se prouver », que « c’est très dur » en début de carrière et que le tout « prend un peu de temps ».
Lors de ses débuts en Freelance, il s’est mis à donner des cours sur une base régulière pendant deux ans, avant de retourner dans la pratique, tout en se tenant informé.
« J’ai fait des ateliers dans plusieurs écoles, dit-il, ce qui m’a permis d’agrandir mon réseau et de continuer de m’éduquer moi-même. »
Le tout lui aura permis de renflouer son portfolio et de recevoir des appels de différents clients intéressés par son travail. Eh oui ! Il est maintenant assez big pour qu’il se fasse contacter, et non le contraire.
La vie de pigiste, toujours rose ?
« Tu passes pas mal de temps dans ton appartement », mais le pigiste gère son horaire comme bon lui semble. De plus, en tant que freelancer, il est possible de demander plus d’argent à son client.
« Si j’avais à retravailler pour une boite, ce serait à 20 minutes de transport de chez moi, dit l’artiste de 27 ans. Tu perds ton temps dans le métro, alors que tu pourrais donner un cours en ligne, des tutoriels ou faire du sport pour te sentir mieux »
Gaël ne s’en cache pas. Étant pigiste depuis près de cinq ans, le travail d’équipe lui manque.
« C’est un des gros points négatifs du freelance, avoue-t-il. C’est dur d’être toujours seul. C’est pour ça que j’essaie d’alterner. »
Pour cette raison, le jeune artiste organise régulièrement des évènements qu’il surnomme des « creature drink ». L’instant d’une soirée, les gens du monde des VFX se rencontrent au Porterhouse, un pub situé dans Covent Gargen, un quartier londonien, et prennent un coup en parlant de VFX.
Établie dans la capitale britannique avec sa femme, Kerchenbaum avoue que Londres est un gros marché pour les VFX.
« C’est pour ça que je préfère bosser en Angleterre. Si on te propose un projet, ce sera pour Le livre de la Jungle ou Le Roi Lion. En France, si on te propose un projet, ce sera pour quelque chose que personne ne verra jamais. »
Travailler dans le monde de la pige, se spécialiser et pousser plus loin ses connaissances dans le domaine lui permet de trouver du boulot et d’avoir plusieurs projets variés.
S’établirait-il comme pigiste à Montréal ? « Je pense que oui », confirme-t-il, en comparant les similitudes entre Londres et Montréal, précisant en riant que le coût de la vie est « beaucoup moins cher » ici.
« Ce que j’aime de Londres, c’est que tu as vraiment une communauté de gens qui fait du 3D. Tu te retrouves dans un pub, un vendredi soir, et tu as les gens de Framestores d’un côté, MPC et DNEG de l’autre. C’est assez la même chose ici. »
Le moment des conseils !
Espresso-Jobs : « As-tu un conseil à donner à un futur pigiste ? »
« Développer sa communication et sa façon de se vendre. C’est pour ça que je poste beaucoup de mes créations sur les réseaux sociaux. Il faut vraiment que les gens puissent venir vers toi et te faire confiance. Le seul moyen est de communiquer tes connaissances et de partager tes savoirs.
En revanche, je déconseille de commencer par la pige ! Juste après les études, si tu veux devenir pigiste, tu ne profiteras pas de l’expérience d’une grosse boite et de son pipeline. Ce qui veut dire que ça te prendra du temps à arriver à un niveau “grosse boîte”. »
Demo reel 2019 from gael kerchenbaum on Vimeo.
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