Ça fait quoi d’être superviseur VFX sur Arrival?
Céline Gobert
23 février 2017
Carrière
5 minutes à lire
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Hybride est le studio VFX qui a produit le plus de plans dans Arrival de Denis Villeneuve. Du haut de ses 22 ans d’expérience au studio, le superviseur VFX Philippe Théroux répond aux questions d’Espresso-Jobs!
245, c’est le nombre de plans qu’a réalisé le studio Hybride dans le film Arrival de Denis Villeneuve, nommé aux Oscars. Soit 25 minutes d’effets, incluant la totalité des plans d’extraterrestres que l’on voit dans le film.
Le studio a également créé et animé le brouillard ainsi que produit 70 plans de « logogrammes », la langue écrite qu’utilisent les extraterrestres pour communiquer avec les humains.
Au total, cela a représenté 14 mois de travail pour les 90 professionnels du studio supervisés par Philippe Théroux.
Que faites-vous chez Hybride?
Je suis superviseur en effets visuels. Mon travail est de rencontrer le réalisateur ou le superviseur d’effets de la production. On discute de leurs besoins avec toute notre équipe. Il faut qu’on s’assure que ce que l’on fait est en accord avec le projet du réalisateur, donc il y a toujours du feedback.
Sur Arrival, comment ça s’est passé avec Denis Villeneuve?
On a rencontré Denis Villeneuve, il nous a parlé de l’idée derrière son film. Il voulait donner vie aux extraterrestres mais il nous a bien précisé que ce n’était pas un film à propos d’extraterrestres, ce qui est paradoxal car souvent dans les films d’aujourd’hui, les créatures sont « in your face », on les voit vraiment. Là, il fallait les cacher, dans la fumée, qu’on ressente leur présence… Le film est plus « songé » que ce que l’on voit d’habitude...On est très fiers que Denis Villeneuve nous ait donné cette chance.
C’était un challenge!
Oui, effectivement, tout un challenge! D’habitude, on a les extraterrestres qui détruisent Los Angeles, pas quelque chose d’épuré comme ici. On cherchait un rendu très graphique, il fallait que les spectateurs ressentent une émotion quand les extraterrestres s’approchent. On a créé le design des logogrammes, le langage utilisé par les extraterrestres. L’équipe du film est arrivée avec l’animation des logogrammes, de notre côté nous avons trouvé leur façon de communiquer. On s’est demandés : est-ce qu’ils devraient faire les signes avec leurs doigts? Contre une vitre? Ensuite, on a déterminé que ce serait des lancers. Au bout de chaque patte, il y a une tentacule qui s’ouvre et un liquide, au centre, comme un jet d’encre, auquel les extraterrestres donnent ensuite forme mentalement.
Quel logiciel avez-vous utilisé?
Houdini, un logiciel à particules qui permet d’animer des fluides comme l’eau, le gaz, mais aussi du feu ou « le chrome liquide » rendu célèbre dans Terminator. On lançait le gaz, mais il fallait le contrôler car on voulait un flux organique, délicat.
Quel parcours avez-vous suivi jusqu’à arriver sur le projet Arrival?
Un cours en design graphique au College Ahunstic à Montréal. J’étais intéressé par l’illustration, le dessin, la science-fiction. C’était le début des effets spéciaux. J’ai intégré le Sheridan College à Oakville en Ontario. J’ai appris sur les premiers systèmes en infographie. J’ai rejoint Hybride en 1995 comme animateur 3D, et après avoir passé 16 ans à la tête du département 3D, je suis devenu superviseur. Comme superviseur 3D, j’ai travaillé sur des projets comme Sin City, 300, Jurassic World ou Star Wars : The Force Awakens. Mettre la main à la pâte sur de tels projets, c’est très gratifiant. Le cinéma, c’est magique, magnifique. Quand Denis Villeneuve vient nous voir, on ne connaît pas son film, il nous raconte son histoire, puis après il y a l’engouement, les Oscars, le succès, mais on ne sait pas ça quand on commence.
Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier?
Chaque année, on repousse les limites de ce qui a été fait l’année d’avant. Les réalisateurs veulent faire toujours plus. Chez Hybride, on a des artistes et des programmeurs talentueux, on se demande : « comment va-t-on faire avec telle demande du réalisateur? », et on réunit tout le monde pour trouver des solutions, c’est ça qui me passionne. Avec tous les défis que ça comporte : les budgets, les nouveaux logiciels, les nouveaux outils avec des processeurs de plus en plus rapides, les calculs complexes. C’est une course vers l’avant!
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui débute?
Il y a de très bonnes écoles et des studios reconnus à Montréal, on est choyés. Le marché de l’emploi est vivant, on est très bien cotés à Hollywood. Après, pour s’y rendre, il faut bosser fort, c’est un métier de passionnés, super le fun, mais la compétition est féroce. Il faut aussi travailler un grand nombre d’heures, on ne fait pas du 9 à 5. Les clients sont passionnés par leur projet, nous sommes passionnés par nos effets. C’est très valorisant.
Comment décririez-vous le milieu du VFX?
C’est un petit milieu, les gens se connaissent, plein de boîtes rencontrent du succès, c’est très dynamique. Ça met vraiment le Québec en valeur, le marché est en pleine santé, Hollywood n’a pas peur de venir à Montréal!
Qu’est-ce qui fait que vous ayez eu envie de rester chez Hybride pendant 22 ans?
Nous sommes situés à Piedmont dans les Laurentides, la qualité de vie est vraiment dure à battre. Je vois des chevreuils se balader par ma fenêtre, il n’y a pas de trafic, la qualité de vie est très saine, surtout quand tu dois travailler de longues heures. Aussi, d’habitude, les boîtes marchent par contrats, mais Hybride ne pratique pas ça. Nous sommes une petite équipe et pendant les « downtime », on peaufine nos connaissances, on se sert de ces temps-là pour se préparer pour nos prochaines productions!
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