Carrière IA : Discussion au Forum international des Amériques

IA : Discussion au Forum international des Amériques

Le 14 juin dernier se concluait le Forum international des Amériques à l’Hôtel Bonaventure de Montréal qui accueillait plus de 4000 participants et plus de 200 conférenciers....

Le tout a pris place quelques jours après le sommet du G7 de Charlevoix.

Ce qui a retenu l’attention est le thème de la perturbation technologique, en particulier celle de l’intelligence artificielle.

La session plénière consacrée à ce sujet incluait des experts dans le domaine : Abhay Parasnis (directeur de la technologie chez Adobe), Sylvain Duranton (Leader mondial chez BCG Gamma) et Yoshua Bengio (Professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique chez MILA et IVADO). Le trio a discuté de la question de la « compétition à l’ère de l’IA », qui était animée par Erica Pandey, journaliste technologique chez Axios.

Pandey a donné le ton à la conversation en affirmant que « l’IA a un potentiel énorme pour stimuler le développement économique, mais nous ne pouvons pas négliger les préoccupations concernant son impact sociétal. »

Parasnis tenait à citer la « loi d’Amara », suggérant que l’industrie de la technologie a tendance à surestimer l’impact perturbateur à court terme de ses innovations, mais à sous-estimer ses impacts à long terme.

 
Bénéficier de l’intelligence artificielle

Les deux principaux points à retenir à cet égard sont les suivants.

Premièrement, tout le monde devrait bénéficier de l’intelligence artificielle.

Yoshua Bengio affirme que sans cet examen de conscience, ceux qui sont déjà au siège du pouvoir pourront consolider davantage leurs positions : ils pourront retenir plus de personnes talentueuses, plus d’argent et plus de données que ceux pour qui l’intelligence artificielle est inaccessible en raison de l’absence de l’un de ces facteurs.

Parmi les pays membres de L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seulement 30 % des travailleurs interrogés ont déclaré qu’ils avaient discuté de l’impact de l’IA avec leur patron, contre 79 % en Chine.

Cet écart met en évidence la nécessité pour les entreprises de l’OCDE de mieux tenir compte de leurs stratégies de gestion du changement afin de suivre le rythme de la Chine ou de risquer de perdre des talents, des parts de marché ou même une position mondiale globale en raison de l’augmentation de l’adoption de l’IA.

Bengio s’est voulu rassurant en affirmant que certains emplois pourraient devenir redondants grâce à l’automatisation, qui permettra aux gens de se concentrer sur les aspects plus humains d’un emploi, signifiant ainsi que ces emplois finiront par être mieux exécutés.

 
L’IA, son « éthique » et la peur de l’inconnu

Deuxièmement, il est important de bien établir les principes éthiques de l’intelligence artificielle.

Abhay Parasnis a réfléchi sur ce point et a ressorti un fait : chaque fois que la société fait face à un territoire inexploré, inconnu, les gens ont tendance à avoir « la discussion éthique » facile.

Cependant, il a également souligné qu’à mesure que les machines et les algorithmes deviennent de plus en plus présents dans nos vies, ils vont exacerber les inégalités existantes et les pratiques discriminatoires.

Il y aurait plusieurs raisons à cela. La première est liée au fait que « l’apprentissage machine » est développé en introduisant des données du monde réel dans un algorithme, et il va sans dire que le monde réel est rempli d’inégalités et de discrimination de toute sorte.

La deuxième raison qui en découle serait que les humains peuvent appliquer leur propre jugement moral et leur propre code d’éthique pour réduire l’inégalité et la discrimination, les machines ne le peuvent pas.
Montréal et l’intelligence artificielle

Au lieu de déménager dans la Silicon Valley une fois qu’elles en avaient les moyens, les jeunes entreprises canadiennes se rendent maintenant compte qu’il est préférable qu’elles déménagent ou restent à Montréal étant donné la concentration de chercheurs en IA sur l'île.

Somme toute, Parasnis souligne qu’il a 25 ans, si vous aviez demandé au grand public s’il était prêt aux satellites GPS, la plupart des gens n’auraient pas eu d’opinion ou n’aurait pas compris l’impact d’une telle technologie dans leur vie quotidienne ou à long terme.

Il est aussi important de souligner que si le tout est fait correctement, ces technologies peuvent contribuer à faciliter des progrès massifs dans l’effacement des inégalités. Prenons l’exemple du téléphone intelligent, qui a permis à l’ensemble de la démographie mondiale de sauter certains aspects du développement. Par exemple, plusieurs personnes sur cette Terre n’ont pas accès l’eau courante, mais ont des profils Facebook.

Yoshua Bengio conclut en affirmant que les conséquences de ne pas « faire les choses correctement » ont été brièvement évoquées lors de la discussion, mais aussi, de manière générale, nous ne pouvons nous permettre de perdre la confiance du public si nous voulons progresser. »