L'univers des jeunes pousses carbure au risque. C'est particulièrement vrai aux balbutiements de ces entreprises innovantes, quand leurs fondateurs et fondatrices ont besoin d'argent pour concrétiser leurs idées.
Y voyant l'occasion de faire des affaires en adoptant la formule « gagnant-gagnant », certains investisseurs, comme le Trifluvien David Dufresne, se sont spécialisés dans ce marché florissant que Matthieu Dugal est allé découvrir au festival South by Southwest, à Austin, au Texas.
« Si tu ouvres un magasin ou une usine et que tu achètes de la machinerie, tu peux être financé par des banques, parce qu’il y a un actif qui est donné en garantie à tes investisseurs, explique M. Dufresne, associé à Panache Ventures. Les compagnies de technologie n’ont pas ça, parce que leur valeur se trouve dans les cerveaux des gens ou dans leurs algorithmes. C’est immatériel, intangible. Le capital de risque existe pour arriver à attribuer une certaine valeur à ça. »
Le risque pour les investisseurs vient en partie de cette absence de garantie, mais également du fait que la compétition est très féroce dans le marché des nouvelles technologies. David Dufresne et ses homologues doivent donc à la fois bien connaître les différents marchés dans lesquels ils investissent et savoir anticiper les tendances.
Investir et accompagner
Le fonds géré par M. Dufresne et ses associés a d’ailleurs déjà réussi un coup de maître en investissant dans une jeune pousse qui était très prometteuse, même si son nom n’était pas encore connu du public : Element AI, l’entreprise fondée par Yoshua Bengio.
« C’est l’un des fleurons de l’intelligence artificielle à Montréal, qui a maintenant des bureaux à Toronto et à Londres, explique David Dufresne. On avait investi dans la ronde d’amorçage, et Element AI a levé une ronde subséquence de près de 15 fois la valeur de la ronde dans laquelle nous avions embarqué. Notre prise de position a tout de suite pris une valeur d’au moins 10 fois notre investissement. »
En plus d’investir, les entreprises comme celles de M. Dufresne se servent de leur réseau tout comme de leurs connaissances pour accompagner les entrepreneurs et les aider à atteindre rapidement leurs buts.
« Notre objectif, c’est de faire un jardin dans lequel on aurait des séquoias qui pousseraient en quelques années plutôt qu’en 150 ans. On investit dans de jeunes entreprises, des jeunes pousses. On sait que certaines vont malheureusement faner et mourir, mais notre objectif, c’est qu’il y en ait plusieurs dans ce groupe qui deviennent de beaux grands arbres matures qui vont nous donner de très bons fruits. »