Il lâche son doctorat en histoire pour créer son propre jeu!
Céline Gobert
6 mars 2017
Carrière
5 minutes à lire
2 601
Cela faisait un moment que l’idée de créer le jeu Feudal Feud trottait dans la tête de Gabriel Sauvé. Il y a deux ans, il fait le grand saut, lâche son doctorat et crée sa propre firme!
Que faites-vous et où travaillez-vous?
Je travaille pour Urubu Studios. Urubu, essentiellement, c’est moi. J’ai décidé de faire un jeu vidéo il y a deux ans. J’avais un concept de jeu qui me plaisait depuis un certain temps. J’étais en doctorat en histoire à ce moment-là et j’ai décidé de décrocher pour le faire. Je ne voulais plus être professeur à l’université et c’était la seule chose possible avec le doctorat. J’avais un passé de programmeur, et je voulais me réintégrer sur le marché du travail. J’ai donc engagé un artiste. Puis… j’étais à un moment donné de ma vie - la trentaine - où j’avais besoin de faire les choses pour une raison, d’avoir un plan, d’arriver quelque part. Et je n’avais plus l’impression que le trajet en valait la peine…
Finalement, ce jeu est le résultat de votre crise de la trentaine!
Oui! (Rires) La crise de la trentaine! Mais je voulais aussi me faire un portfolio, je savais que j’avais été absent du milieu de la programmation. Il fallait que je prouve à un employeur que j’étais capable de programmer.
Pouvez-vous me présenter votre jeu?
Il s’agit d’un jeu de stratégie diplomatique en temps réel avec une centaine de joueurs sur une carte, un peu comme Risk. Ça s’appelle Feudal Feud, ça se joue sur mobiles. La durée de vie d’un joueur est de deux semaines, il doit essayer de conquérir le plus de territoire qu’il peut mais passée une dizaine de territoires ça devient un problème économiquement d’en avoir plus donc il va plutôt conquérir d’autres joueurs. Ces derniers deviennent ses vassaux et paient des impôts sur leur territoire. C’est un système féodal, dans le sens pyramidal de la chose. Plus on a de territoires contrôlés, plus on débloque les améliorations de notre ville.
De A à Z, ça met combien de temps de créer un tel jeu?
Ça fait deux ans que je suis là-dessus. Il reste peu, mais il en reste encore. J’espère une sortie en 2017. Je suis le seul programmeur, un artiste a fait les dessins. Deux musiciens font la musique.
Au départ, quelle est votre formation académique?
J’ai fait un DEC en informatique au cegep, puis j’ai passé 10 ans à l’université en histoire. Je travaillais sur la pensée militaire à la fin du 19e siècle, précisément liée à l’innovation technologique et à la torpille. Comment celle-ci a révolutionné la façon de penser la guerre. C’est très pointu! (Rires).
En même temps, il y a un lien avec votre jeu!
Oui, effectivement. D’ailleurs, je pense qu’on n’utilise pas assez l’Histoire dans les jeux vidéos. On met des épées et des blindés partout, la Seconde Guerre Mondiale on la voit partout! Mais on ne réfléchit pas pour faire un jeu qui s’inspire réellement de l’Histoire. On plaque ces choses-là, l’Histoire n’est que la scène de ces jeux, mais elle ne les inspire pas. Il y a des concepts intéressants qui pourraient découler d’une étude de l’Histoire. Je ne suis pas le premier à le faire mais dans le cas de mon jeu, le système féodal peut être une idée.
Comment avez-vous pensé le design du jeu?
Ça s’est fait petit à petit. Le design graphique, je l’ai laissé à mon artiste, un finissant du Nad, Edwin Jang. Le design du jeu lui-même je l’avais pas mal en tête depuis longtemps. En terme de développement, le jeu tire à sa fin, il est en bêta depuis l’été dernier. Je fais des updates réguliers. J’aimerais boucler une partie elle-même avant de lancer un Kickstarter. Les finances, c’est toujours le problème. Mais j’ai choisi ce projet-là car il était lourd en programmation et léger dans tout le reste.
Combien ça vous a coûté?
Ça m’a coûté ce dont j’ai eu besoin pour me nourrir et me loger pendant deux ans. Le budget dépend de ce dont tu as besoin pour vivre. Faut dépenser le moins possible. Mais je dirais 45 à 50 000 $.
Que retenez-vous de cette expérience? Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait créer un jeu?
Tellement de choses! Car j’ai tous les rôles dans cette entreprise-là. Sur le plan entrepreneurial, il y avait plein de choses que je ne connaissais pas. Par exemple : comment utiliser le crédit d’impôts? Ou même comment être travailleur autonome? Les mesures fiscales qu’on peut utiliser pour se faciliter la vie aussi… Pour fonder une entreprise, faut avoir 10 000 à 15 000 $ au moins. On peut ainsi se verser un salaire. Ça laisse une trace, et on est éligibles au crédit d’impôts. Je leur conseillerais de s’intéresser un minimum à ces aspect-là, qui sont plus importants qu’ils peuvent le penser.
Et sur le plan de la programmation?
Il y a beaucoup de choses que j’ai fait, puis je suis revenu en arrière. C’est toute une affaire! Faites attention avant de vous embarquer dans le réseau! C’est un jeu multijoueur, et disons que ça rajoute une difficulté supplémentaire. Ça complexifie beaucoup la programmation. Il faut souvent programmer deux fois la même chose sur le serveur. Je dirais aussi que s’ils pensent que le jeu va leur prendre un an à faire, il faut qu’ils multiplient ce temps par trois! (Rires) Je pensais le faire en 8 - 10 mois, et ça fait deux ans!
Quelle est la suite?
Après Kickstarter, il va rester deux, trois mois de développement encore. J’ai encore des idées de jeux! Après, ça va dépendre de la performance de ce jeu-là, que j’aimerais aussi entretenir et soutenir à long terme.
Articles susceptibles de vous intéresser
Emplois susceptibles de vous intéresser
Montréal
Permanent à temps plein
Publié il y a 5 jours
Longueuil
Permanent à temps plein
Publié il y a 26 jours
Vous devez être connecté pour ajouter un article aux favoris
Connexion ou Créez un compte
Emploi favori
Vous devez être connecté pour pouvoir ajouter un emploi aux favories
Connexion
ou Créez un compte