Carrière Lead Programmer chez Ludia : à la rencontre d’une femme d’expérience

Lead Programmer chez Ludia : à la rencontre d’une femme d’expérience

Catherine Barbeau


Dans le cadre de la sortie mondiale du jeu mobile Jurassic World : Alive, Espresso-Job s’est entretenu avec la Lead Programmer derrière le projet le plus lucratif de l’entreprise, Catherine Barbeau.


La mère de famille de 36 ans a toute une expérience dans le domaine. Elle a commencé chez Ludia il y a 11 ans, et y est toujours, devenant Lead Programmer pour cette entreprise de 332 employés basée dans le Vieux-Montréal, qui crée et distribue divers contenus multiplateformes de divertissement numérique.


Catherine Barbeau a d’abord complété, en 2003, un baccalauréat en informatique à l’Université McGill, puis commencé une maîtrise en informatique à l’Université de Montréal, qu’elle n’a pas terminé. « J’ai suivi tous les cours requis mais venu le temps de faire le mémoire, j’ai perdu la motivation requise. J’étais pas mal tannée de l’école, mais j’avais beaucoup de fun. J’étais due pour aller sur le marché du travail ! »


Survol de non seulement un poste de Lead Programmer, mais d’une personne qui se donne à 110 % afin de livrer des projets, des produits à la hauteur des attentes.


Avez-vous toujours voulu faire ce job-là ?


Oui ! Je veux être programmeuse depuis le secondaire. C’était mon but. Mon père avait sa propre compagnie et lorsqu’il avait des ordinateurs devenus inutiles au bureau, il les apportait à la maison. Donc, j’ai été très tôt connectée à cette technologie-là. Disons plus tôt que la moyenne des gens de ma génération. J’étais intriguée par tout ça et j’ai commencé à bidouiller un peu.


Au secondaire, plusieurs idées de métiers me sont passées par la tête. Je voulais être pilote d’avion, mais j’ai vite abandonné l’idée, parce que je suis extrêmement myope ! Il me fallait quelque chose d’un peu moins « aventurier ».


Je fais un super beau métier et j’aime beaucoup ce que je fais.


Parlez-moi donc de votre parcours professionnel


Lorsque j’ai arrêté la maitrise, j’ai commencé chez Ludia en 2007 en tant que programmeuse et je suis toujours ici. Ça fait maintenant 11 ans, dont 10 en tant que Lead Programmer. C’est mon tout premier emploi dans le domaine de l’informatique.


Quand j’ai commencé à travailler pour la compagnie, on était 10. Nous sommes rendus 332. En 11 ans, je me suis bien sûr remise en question à plusieurs reprises. À chaque fois, il y avait de nouveaux défis qui arrivaient et je n’ai jamais cessé d’apprendre, de projet en projet.


Pourquoi partir si je suis bien ici!


Comment s’est passée votre première journée dans votre premier emploi professionnel ?


Je savais déjà à l’avance que je venais travailler sur un projet spécifique, The Price is Right. J’ai passé tout le trajet de métro à me fredonner la chanson thème de l’émission dans la tête. En arrivant, les bureaux étaient nouveaux, petits et presque vides. Honnêtement, je ne savais pas si j’allais garder cet emploi-là longtemps, si la compagnie allait fermer. Puis me voilà encore présente, 11 ans plus tard.


Décrivez-moi votre job au quotidien


À ce stade-ci de ma carrière, je ne programme plus, même si je suis Lead Programmer. Tout ce que je fais, c’est de faciliter le travail des autres. Donc, je suis là pour coordonner les différents métiers présents dans l’équipe.


Par exemple, les designers ont une nouvelle idée un nouveau feature. Je prends l’idée en amont et je la décortique et j’identifie où seront les problèmes plausibles. J’essaie de trouver les trous dans les designs où les programmeurs auront assurément une tonne de questions.


Côté horaire, je suis au bureau à des heures assez régulières. Mon horaire pourrait être plus flexible, mais avec mes deux enfants de deux et huit ans, j’ai une restriction à ce niveau-là.


Vous avez travaillé sur Jurassic World Alive. Est-ce qu’il y a un lien entre JW le jeu et Alive ?


Jurassic World : Alive est LE plus gros projet de la compagnie. Il a été lancé au Canada, en Belgique et en Australie il y a près de deux mois. Prochainement, il se joindra au marché d’Europe au grand complet et au Moyen-Orient. Fin mai, il sera disponible partout ailleurs.


Ce sont deux jeux qui peuvent rouler en parallèle, mais il n’y a pas de lien direct entre les deux. Jurassic World reste notre franchise la plus lucrative, notre franchise chouchou.


Parle-moi du jeu…


En fait, JW : Alive est d’abord un jeu de géolocalisation. Un peu à la sauce de Pokémon Go où tu te promènes dans le monde et que tu chasses des dinosaures pour extraire leur ADN, afin de créer tes propres dinos dans ton laboratoire. Ensuite, tu peux te servir de ces créations-là pour participer à des combats en mode compétitif à travers le monde.


C’est vraiment un jeu ouvert à tout le monde, pour toutes les tranches d’âge. Il faut que le jeu rejoigne le maximum de personne, afin d’être plus rassembleur. On ne fait pas du hardcore gaming. On ne fait pas les prochains Assassin’s Creed ou le prochain GTA ! L’accessibilité du jeu est un enjeu important.


Quelles sont les qualités requises pour faire ce que vous faites ?


Contrairement à ce que les gens peuvent penser, les gens en informatique doivent quand même avoir de bonnes aptitudes sociales, puisqu’on est porté à communiquer en équipe. La collaboration est de mise, surtout en étant Lead.


Il faut être apte à gérer des gens et des situations difficiles au sein de l’équipe. Un bon sens de l’organisation et un sens de l’analyse sont requis, aussi. Je ne prétends pas être capable de régler un problème dès la première lecture d’un design ! Puisque je fais beaucoup de travail en amont, si je n’ai pas cet esprit d’analyse, ça n’aidera pas, on n’avancera pas.


Un bon intérêt pour la technologie est nécessaire, évidemment.


Quel serait LE conseil à donner à un jeune professionnel qui voudrait être Programmeur ?


Pour être programmeur en jeux vidéo, les diplômes vont être pris en compte, ainsi que l’expérience. Si on a à choisir entre une personne qualifiée, mais sans expérience et quelqu’un ayant un bon portfolio avec des projets personnels, le second choix reste plus intéressant.


Maintenant, si ces candidats-là arrivent en entrevue et ont de la difficulté à communiquer ou défendre des points, c’est moins attirant. Si quelqu’un veut percer dans le métier et faire des projets personnels, les déployer et démontrer qu’il est capable de faire un projet du début à la fin, c’est clairement un plus.


On engage sur une base régulière des stagiaires qui, par la suite, peuvent rester dans la compagnie. On ne peut pas engager que des nouveaux, mais mélanger des gens d’expérience et des recrues font un mixte parfait.


Travailler chez Ludia, comment est-ce ?


Personnellement, je trouve ça plaisant. Je suis encore là après une décennie ! Je trouve que c’est une entreprise où il y a un esprit de famille, malgré sa grosseur. La direction est assez accessible et leur porte est ouverte. On ne sent pas la hiérarchie.


On est une société ouverte. On accepte les gens et leurs différences ainsi que l’apprentissage dont ils ont besoin.  Après 11 ans, j’apprends toujours de mon métier, grâce aux projets auxquels j’ai participé.


En plus, nous avons de super bonnes conditions de travail et d’avantages sociaux, comme des assurances, des REER collectifs et même le gym gratuit ! Tous les vendredis, le lunch est fourni, 5 à 7 par ci et par là. On a même une équipe de soccer.


On est carrément une communauté.