Squid Squad : un nouveau studio VFX entre la mer et la montagne!

Un studio d’effets spéciaux et de post-production voit le jour en Gaspésie, afin d’investir dans le futur de l’industrie québécoise.

Squid Squad, un nouveau studio de VFX et de postproduction a ouvert… à Matane! Leur idée : développer ce secteur au Québec, où l’industrie du jeu vidéo est florissante, plutôt que d’avoir recours à de la sous-traitance ailleurs dans le monde.

Le studio en est à ses premiers pas et recrute actuellement pour ses équipes, avec l’objectif d’entamer ses premiers mandats dès le mois d’avril.

Lucie Dumas, directrice générale du studio depuis septembre 2018, nous a parlé de sa nouvelle vie et de la mission de Squid Squad avec un enthousiasme contagieux. On a presque envie de faire nos valises! (Si ça vous tente, ils  sont à la recherche d’un lead artist senior.)

La naissance d’un studio

Tout est parti d’un groupe d’hommes et de femmes d’affaires de la région de Matane qui ont créé un fonds d’investissement en vue de donner le jour à des entreprises locales tournées vers l’avenir. Ils s’allient au FIDEL, Fonds d’investissement de développement économique et local.

Squid Squad est la première startup à ouvrir les portes grâce à cette initiative. Le projet part d’un constat : il existe dans le marché un très grand volume de travail de sous-traitance que les studios envoient notamment en Inde.

On parle ici de tâches comme la rotoscopie, l’ancrage cinématographique ou la peinture numérique, qui n’ont pas une grande valeur ajoutée en terme graphique, mais qui sont néanmoins indispensables dans le processus de création des images numériques.

« Il y a un important besoin de main d’oeuvre qualifiée. Au cours des trois années de DEC en animation 3D, les étudiants ont tout exploré mais ils ne sont pas spécialisés. Ce sont les studios qui les forment », nous explique Madame Dumas.

Et justement, Squid Squad est pensé pour permettre aux jeunes de passer à la pratique.

Accueillir et former la relève  

Le studio de post-production et d’effets spéciaux a la particularité d’être situé à deux pas du Cégep de Matane, qui forme les futurs talents du domaine de l’imagerie numérique.

Actuellement, les élèves s’en vont à Montréal ou à Québec après leurs études. Même si certains souhaiteraient rester en région, ils s’en vont faute d’emploi sur place. Le studio leur offre désormais une perspective d’emploi locale, au moins pour débuter leur carrière.

Dès la deuxième année du DEC, les élèves sont embauchés chez Squid Squad à temps partiel. Plutôt que d’occuper une job étudiante, ils ont ainsi la possibilité de travailler dans leur domaine.

« On va commencer avec la rotoscopie et le match moving mais on veut développer d’autres expertises, grandir, créer des emplois, avec des services à plus grande valeur ajoutée sur le plan créatif », précise Lucie Dumas.

Douze élèves sont actuellement prêts à commencer. Ils vont tout d’abord travailler sur des tests pour « roder la machine », avant le début des premiers mandats au printemps.

Côté emplois, l’entreprise compte grossir à court terme : 15 employés pour cette première année, mais 25 dès l’an prochain, et de 35 à 40 dans deux ans

Valoriser l’industrie québécoise

Les compagnies qui auront recours à Squid Squad ont un incitatif financier : ils pourront profiter d’un crédit d’impôts auquel ils n’ont pas droit lorsqu’ils sous-traitent à l’étranger, tout en contribuant au développement d’un marché des talents en région.

« Les studios que nous avons rencontrés à Montréal ou à Québec se sont tous montrés très enthousiastes. Quelque part, ils ont l’occasion d’investir dans leur propre industrie en collaborant avec nous », nous dit Lucie Dumas.

Elle qui vient au départ de la pub et des médias a le sentiment que le milieu des effets spéciaux a une vraie fibre de la communauté et est ouvert à la collaboration, même s’il y a bien sûr une part de concurrence.

À propos d’industrie, être situé à Matane représente-t-il un défi pour le recrutement? Oui et non. Lucie Dumas souligne que Squid Squad a de quoi attirer : il s’agit d’une entreprise prometteuse, dans une industrie en pleine croissance.

Mais elle s’est aperçu que certains postes attiraient des candidatures internationales plutôt que québécoises.

« Quand on vit à Montréal, il faut faire le saut pour aller vivre en région, alors que des gens de l’extérieur voient peut-être ça comme une porte d’entrée pour vivre au Canada », avance-t-elle.

Au gré des entrevues, elle constate néanmoins que de jeunes professionnels québécois, après être partis pour les grandes villes dans la vingtaine, souhaitent revenir s’installer en famille dans la région. Comme elle, ils veulent vivre cette expérience et trouver une nouvelle qualité de vie.

Parlons-en justement, de la qualité de vie…

Un environnement de choix

Lucie Dumas, qui a vécu 25 ans à Montréal, est enchantée par son changement de décor. Et pas seulement parce que les locaux de Squid Squad sont très beaux, entièrement réaménagés tout en étant dotés d’un look vintage.

Elle a été conquise par son nouvel environnement : partir travailler à Matane est un choix de vie, celui d’une qualité de vie particulière. Sur le bord de la mer, au pied des montagnes.

« Ça me prend cinq minutes d’aller au travail! À Montréal c’était une heure et quart… Au début, j’arrivais à mon travail avec une demi-heure d’avance parce que je n’étais pas habituée », raconte-t-elle en riant. Et d’ajouter : « Les gens d’ici sont calmes, personne n’est stressé ».

Elle n’en est pas revenue non plus de voir ses collègues s’organiser une petite marche en raquettes à la sortie du travail plutôt que de se précipiter sur les autoroutes…

Un enchantement partagé par sa fille adolescente, qui a pris conscience lors de son dernier passage à Montréal que Matane lui manquait déjà. Elles se sont néanmoins mises toutes les deux d’accord pour revenir régulièrement dans la métropole, profiter des amis ou des musées.

Et puis Lucie Dumas s’est aperçue qu’elle allait pouvoir réaliser un des rêves de sa vie en vivant à Matane : voir des aurores boréales!