L’entreprise d’effets visuels Moving picture compagny (MPC) se dote d’un tiers de femmes dans ses studios de Montréal. Un bon score quand on sait que dans le domaine, elles représentent généralement 17,5 % des employés...
La compagnie d’effets visuels installée rue Wellington et qui appartient à Technicolor en est plutôt fière.
Les mauvaises langues diront peut-être qu’elles y occupent alors des postes de « petites mains ». Que nenni! Chez MPC Montréal, elles sont à la tête du service « environnement », directrice générale, cheffe des ressources humaines, productrice exécutive, cheffe de la production ou encore cheffe layout ou cheffe digital matte painting. « Des postes à responsabilités », assure Mélanie Grenier, cheffe des ressources humaines.
Pénurie de main-d’oeuvre, hommes comme femmes!
Il y a donc environ 200 femmes sur les 600 employés de MPC Montréal, soit un tiers du personnel. MPC compte en tout quelque 2500 employés présents sur cinq sites: Los Angeles, Bangalore, Londres, Vancouver et Montréal.
Pourquoi encore si peu de femmes se lancent dans le domaine des VFX? « C’est sûr qu’il y a certaines contraintes de temps et que c’est un milieu très prenant… C’est peut-être ce qui en refroidit certaines », avance Marilyne Fleury, cheffe du service « environnement ».
À Montréal, tout ce petit monde est géré par une femme. Ancienne de chez Oblique FX et Mokko Studio, Émilie Dussault tient les rênes de MPC Montréal depuis quatre ans.
Comme beaucoup d’autres studios d’effets visuels, elle témoigne du manque de main-d’œuvre. Elle considère que les écoles ne mettent pas assez en avant les carrières dans les effets visuels, ce qui pourrait l’expliquer.
« Il n’y a pas assez de formations au Québec pour répondre à la forte de demande, alors le bassin de départ est déjà très limité », ajoute Marilyne Fleury.
C’est ainsi que 50% de la main d’œuvre de MPC est étrangère. Des Mexicains, des Malaysiens ou encore des Sud-coréens viennent répondre au manque.
Le plus souvent, ils sont recrutés pour des contrats variant de 10 semaines à 18 mois, pour des artistes animateurs, superviseurs, artistes en environnement, en FX ou encore des développeurs logiciels. « On cherche les meilleurs. On va regarder leur portfolio, voir s’ils ont un bon œil est essentiel, puis on va aussi voir un peu comment il communique », développe Mme Fleury de concert avec Mme Grenier.
Plusieurs studios sur le même projet
Ils pourront ensuite travailler sur la vingtaine de films que va réaliser le studio. « Le Livre de la Jungle », « Ghost in the Shell », « L’Odyssée de Pi », « Le Martien », « Le Revenant » ou encore « Blade Runner 2049 » font partie des productions sur lesquelles MPC a oeuvré.
Des productions dont les trois femmes semblent fières, d’autant plus que le studio a obtenu l’Oscar des meilleurs effets visuels pour « Le Livre de la Jungle ».
« On ne pense pas à l’Oscar potentiel quand on travaille, on veut juste servir le client le mieux possible », précise Mme Dussault. « On pense surtout à faire de belles images. Que le film marche ou ne marche pas, ce n’est pas de notre ressort. Notre mission à nous c’est de créer au mieux les images pour transmettre la vision du réalisateur. C’est un défi technologique et créatif », poursuit Mme Fleury.
Face à elles, des concurrents comme Framestore ou encore Weta Workshop, en Nouvelle-Zélande. D’ailleurs, Framestore a aussi travaillé sur les succès de MPC comme « Ghost in the shell », « L’Odyssée de Pi » et « Blade Runner 2049 ».
Les studios sont ainsi parfois amenés à se partager le gâteau, même si MPC assure « avoir la capacité numérique et de talent pour se charger de tous les effets spéciaux d’un film », dit la directrice générale.
Le studio se satisfait surtout que ses anciens clients reviennent, preuve de confiance. « C’est ainsi qu’après « Le Martien », Ridley Scott est revenu vers nous pour « Alien : Covenant ».