Travailler dans l’industrie du jeu vidéo est chaotique et vous souhaiteriez prendre une pause de la production ? Pourquoi ne pas transmettre vos connaissances aux plus jeunes? Lorien Routhier, responsable pédagogique chez Isart Digital, vous assure qu’enseigner, c’est bon pour le moral…
Lorien Routhier a travaillé pendant une dizaine d’années dans l’industrie 3D, notamment comme artiste généraliste pour Couleur.tv. Il s’est ensuite tourné vers l’enseignement. Depuis quatre ans, il travaille pour l’école internationale d’enseignement supérieur Isart Digital, basée à Paris et implantée à Montréal depuis près de cinq ans. L’institution propose des AEC en jeu vidéo et animation 3D-FX.
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous tourner vers l’enseignement ?
J'avais déjà enseigné le kayak de mer et la voile et mes deux parents sont enseignants. J'ai la fibre pédagogique en moi. J’ai commencé à enseigner la 3D à la formation des adultes au Collège de Maisonneuve. Je suis retourné en production pendant quelques années à temps plein, puis ensuite j'ai vu un poste chez Isart Digital. Ça va faire quatre ans en septembre que je suis ici. C'est moi qui ai créé le programme, l’AEC « Artiste 3D pour le cinéma et le jeu vidéo ». Il a fallu faire plusieurs démarches pour qu’il soit approuvé par le gouvernement.
À quoi ressemble une semaine dans votre vie de responsable pédagogique ?
Dans une semaine type, je vais donner des cours pendant deux jours, que ce soit en modeling, en rig, en animation ou en FX. Je dois penser à des exercices et les créer, faire des exemples et des démos en classe. Les trois jours restants, je fais du courriel, du Excel, de la préparation de notes, de la correction, de l'administration. J'engage des professeurs, je gère des conflits à l'interne entre les étudiants et les profs. J'organise la communication. Parfois, je vais dans des salons et je vais donner des conférences.
Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?
Donner les cours, sérieusement, j'aime ça. Ça a tout le temps été le gros attrait pour moi. Penser à des façons intéressantes de montrer les choses aux étudiants, ça me stimule beaucoup.
Quels conseils donnez-vous à vos étudiants pour bien débuter dans le métier ?
Pour se faire engager, ça prend de bons contacts, un bon portfolio, une bonne réputation et de l'expérience. Si les jeunes ont de l'expérience sur le marché du travail à travers des stages, c'est bien. Ils vont rencontrer des RH, des leads et des gens intéressants qui peuvent potentiellement les engager après. Il faut travailler fort et se démarquer en faisant des travaux qui vont au-delà de ce qui est demandé à l'école. Il faut faire, en plus, des travaux personnels. Ça prend une motivation très importante parce qu'il faut tout le temps développer plus que ce qui est demandé, découvrir des nouveaux trucs, apprendre des logiciels de son côté.
Lorsque vous recrutez des enseignants, quels sont vos critères ?
Je regarde beaucoup plus l'expérience dans le milieu que l'expérience en enseignement. Moi, en tant qu'enseignant, plus j'enseigne, plus je deviens obsolète. Éventuellement, il va falloir que je quitte cet emploi-là et que je retourne en production. Je regarde aussi les commentaires de leurs collègues. Ce travail-là, c'est 70% connaissances et 30% relationnel. Il faut que tu entres en relation avec les étudiants, que tu sois capable de leur parler.
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours professionnel ?
Pendant la période où j'ai travaillé comme pigiste, le plus gros projet qu'on a fait c'était l'exposition universelle de Shanghai. On a fait les visuels pour le pavillon du Canada. On a travaillé là-dessus pendant un an en collaboration avec le Cirque du Soleil. C'était gros.
Dans mon parcours enseignant, le fait d'avoir créé un AEC, de l'avoir déposé et que ça ait été approuvé par le gouvernement, je suis plutôt fier de ça! Il n'est pas parfait mon programme, on n'arrête pas de le réviser et c'est normal. Mais d'être capable de l'avoir fait, de continuer à le travailler année après année, je trouve ça trippant.
Pourquoi est-il intéressant de travailler chez Isart Digital ?
Travailler dans une école de 3D, ça permet vraiment de prendre une pause de la production. Pour les professeurs, ça permet de quitter un peu leur travail où ils font toujours beaucoup d'heures et où est-ce qu'il y a tout le temps beaucoup de pression et de demandes du client. En venant travailler ici, c'est un peu plus calme. Ça reste chaotique parce que c’est un milieu professionnel et il y a des étudiants, mais le niveau de stress est beaucoup moindre. C'est bon pour le moral. C'est intéressant de pouvoir se dire, « je connais des choses et maintenant, grâce à moi, il y a 30 autres personnes qui connaissent ces choses-là ».