De Disney et Dreamworks… à Montréal!
L'équipe De Torréfaction
3 mars 2017
Carrière
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Du haut de ses 25 années d’expérience, Ted Ty, animateur 3D de 48 ans, a travaillé 10 ans chez Disney et 11 ans chez Dreamworks en Californie. Il revient sur son parcours et son travail sur le film Ballerina.
Quel était votre rôle sur Ballerina?
J’étais directeur de l’animation. J’étais responsable de gérer l’équipe d’animation, de trouver notre identité, notre style d’animation. Est-ce qu’on va vers quelque chose de réaliste? De cartoony? Il fallait également embaucher les animateurs, enseigner les différentes façons d’animer. J’étais en charge du mouvement, de l’acting des personnages, de tous les passages de danse dans le film, tous les passages interactifs entre les personnages. Pour ce processus-là, on a suivi le storyboard.
De quelle façon avez-vous travaillé?
Nous étions une équipe de 30 animateurs, 5 ou 6 par séquence. Une séquence, c’est une série de plans, ça peut être 10 plans ou 30. On se répartit ensuite les plans. Par exemple, si vous étiez dans l’équipe, je vous assignerais la séquence où Felicity est dans le train avec Victor. Elle tombe sur lui et lui dit : « C’est quand la dernière fois que tu t’es brossé tes dents? », alors là on veut une réaction « innocente » de Victor, et elle, une réaction « dégoûtée ». On se concentre sur leurs expressions. On filme nous-mêmes, on fait une bonne prise, on interprète ensuite la vidéo sur ordinateur image par image. Ça s’appelle Keyframe Animation, différent de ce qu’on appelle Motion Capture (MoCap). On trouvait que c’était une façon d’animer plus traditionnelle. Une « Key », une « pose clé » en animation dit une histoire, le personnage a une attitude spécifique, en anglais on appelle ça : storytelling pose. En acting, y’a des moments émotionnels qu’on veut vraiment voir. Après, il y a le côté danse. On a pris la danseuse étoile et directrice de l’opéra Aurélie Dupont comme référence. On a travaillé ensemble elle et moi.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours?
J’ai commencé à Montréal à Concordia. Ensuite, je suis parti pendant deux ans étudier à l’école Disney en Californie. Après, dans les années 2D, je suis rentré dans le programme d’entraînement en Floride chez Disney, j’y ai travaillé en animation pendant 11 ans. J’ai travaillé comme superviseur d’animation sur Le Roi Lion, Pocahontas, Lilo & Stitch. Après la fermeture du studio, je me suis envolé vers la Californie et j’ai travaillé pour Dreamworks pendant 11 ans. J’ai travaillé comme animateur sur 14 films, par exemple les Madagascar 1 et 2, Dragons 2, Rise of the Guardians, ou encore les Kung Fu Panda. Voilà mon parcours! D’abord des années 2D en dessin, puis ensuite des années en animation sur l’ordinateur.
Qu’est-ce qui vous passionne dans ce métier?
Tout... En 2D, on a un papier qui est complètement vierge, il n’y a rien. Et là tu dessines le personnage. Tu donnes la vie à quelque chose qui n’existe pas.... En 3D, c’est un peu la même chose, mais c’est une marionnette virtuelle. J’aime provoquer des émotions aussi chez le spectateur… J’aime étudier mon métier, comprendre les mouvements, les expressions d’autrui. Un petit sourire, et tu sais la différence entre quelqu’un qui n’est pas confortable, et quelqu’un qui est heureux. Je suis obsédé par ça, par l’observation des gens, leurs traits, pour ensuite les traduire en mouvement dans l’animation.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut suivre vos traces?
Il faut avoir deux choses : une passion pour le métier d’animation. Vraiment. Ça prend beaucoup de temps, beaucoup de focus, de discipline. Même moi, avec 25 ans dans l’industrie, je trouve chaque journée qu’il faut que j’apprenne encore plus que jamais. Chaque jour, je vois des choses incroyables. La deuxième chose c’est savoir que l’animation ce n’est pas la job solide, prévisible. C’est une décision que l’on prend, de suivre ce que l’on veut, d’avoir ce courage-là. C’est une voie très dure. Mais c’est ta vie. Il faut être prêt à absorber beaucoup de difficultés avant de faire quelque chose. Mais ça vaut complètement la peine!
Ballerina est un film d'animation franco-canadien réalisé par Éric Summer et Éric Warin, sorti en 2017 au Québec. Il raconte l'histoire d'une jeune orpheline bretonne qui vient s'installer à Paris à la fin du xixe siècle afin d'y devenir danseuse à l'opéra.
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