À 34 ans, ce producer chez Ubisoft a d’abord gravi les échelons chez Electronic Arts. Son rôle est de s’assurer que les équipes donnent leur maximum! Comment s’y prend-t-il?
Philippe Ducharme peut gérer des équipes aussi importantes que celles de PME. Depuis 14 ans dans l’industrie des jeux vidéo, il a développé des techniques et aiguiser ses compétences en leadership afin que ses équipes excellent. Espresso-Jobs lui a posé quelques questions!
Espresso-Jobs: C’est quoi le travail d’un «producer»?
Philippe Ducharme: Le rôle d’un producer est de s’assurer que les équipes vont «shiner» et livrer leur projet au maximum de leurs capacités afin de maintenir la réputation d’Ubisoft. C’est un travail de gestion de projet. On va s’assurer des délais, des budgets, des risques, du plan de match. On va travailler avec le directeur de production, des créatifs, des artistes, des programmeurs, et fournir aux équipes ce qui leur est nécessaire. On est comme des chefs d’orchestre.
Vous travaillez sur combien de projets en même temps?
C’est un projet à la fois. Selon la grosseur du projet ou de l’équipe, on peut gérer de 500 à 1000 personnes auxquelles on se dédie pour qu’ils performent. C’est plus que dans une PME! J’aime ce monde des jeux vidéo qui offre un contexte unique où sont réunis à la fois des programmeurs très rationnels, analytiques, et des artistes plus flamboyants, et créatifs.
Pensiez-vous devenir producer dès le début de votre carrière?
Ça fait 14 ans que je travaille dans l’industrie. Je ne pensais pas du tout à faire ce métier quand j’ai commencé. J’étais animateur 3D autodidacte, j’apprenais comment animer chez moi. Ensuite, j’ai suivi des cours pour améliorer mes compétences. J’ai commencé en 2003 chez Electronic Arts. J’ai ensuite assumé des rôles de lead et commencé à gérer des équipes.
Quels sont les plus grands défis d’un tel rôle?
Essentiellement, ce sont des enjeux en matière de leadership, de gestion de risques. Comment réunir tous ces métiers différents avec un objectif commun? Il faut arriver à connecter efficacement avec chaque individu pour obtenir les meilleurs résultats possibles collectivement. Je marche par instinct. Il peut y avoir des choses plus difficiles, des conflits dans les moments de stress, par exemple.
Comment motive-t-on une équipe?
Ça dépend du contexte. Il faut créer une synergie entre les différentes personnes. Ça passe par une atmosphère détendue, il ne faut pas que les gens aient peur de se permettre de faire des commentaires. Il faut rencontrer le monde le plus fréquemment possible, ne pas perdre de vue le «big picture». Le contenu d’un projet va jouer pour beaucoup, tant pour les programmateurs que pour les artistes. L’élément clé reste la passion pour ce qu’on est en train de produire.
Quelles qualités ça prend pour être un bon producer?
Il faut savoir regrouper les gens autour d’une vision commune et aller dans cette direction-là, tout en prenant en compte les risques financiers, les risques de planification, les délais de livraison. Un producer comprend bien les étapes d’une production, le processus ainsi que les différents métiers dans chaque équipe. C’est bien d’avoir des plans d’action préparés en avance. Enfin, il doit toujours s’assurer que l’équipe est en santé…
