Comme bien des garçons de son âge, en secondaire cinq, François Jean a écouté son conseiller en orientation afin de décider en quoi il allait étudier à l’université. C’est lui qui lui a suggéré de faire un baccalauréat en informatique, avec une majeure en conception de jeux vidéo à l’université.
Tombé amoureux du domaine en jouant en famille aux divers jeux de Mario avec son père et ses soeurs, le Jonquiérois est rapidement descendu de son nuage après trois ans passés dans l’industrie.
« C’est vraiment intense. Les gens se motivent entre eux, se félicitent d’avoir travaillé 80 heures dans une semaine. Ils valorisent vraiment le travail. Je ne suis pas certain que je retournerais dans ce milieu-là », confie-t-il à Espresso-Jobs.
Désormais, François Jean œuvre en tant qu’analyste assurance qualité chez Nurun, une agence de conception web. Son mandat est de tester la qualité des sites web des clients de l’agence, en assurant leur accessibilité, de confirmer qu’ils n’ont pas de failles de sécurités, puis d’en supporter le développement.
« J’ai étudié en programmation, mais finalement, ce n’est pas trop ça que je fais aujourd’hui! »
Un virage complet : du jeu vidéo au QA
Après ses études, François Jean est embauché en tant que testeur au sein du studio de création de jeux vidéo Beenox, un poste d’entrée fréquent dans le milieu.
À ses yeux, il s’agit d’un métier mal perçu par le commun des mortels, tout comme par l’industrie des jeux vidéo.
« On imagine quelqu’un à qui on donne une manette, qui entre dans son univers à contrôler un personnage toute la journée… mais le but n’est pas de s’amuser. C’est de trouver des problèmes : des aspects du jeu qui ne seraient pas livrables dans une version finale. »
Ses fonctions, qu’il décrit de « passionnantes », lui ont permis de tester des succès internationaux tels que Call of Duty et Guitar Hero.
Call of Duty®: Modern Warfare®
Après un an, il est promu au titre de chef d’équipe, gérant alors une équipe de douze testeurs, avant d’être promu à nouveau en tant que game builder.
Tout allait comme sur des roulettes pour François, jusqu’au jour où l’entreprise ferme les portes de son département de services partagés, duquel il faisait partie.
C’est à ce moment que l’un de ses amis lui propose de joindre l’équipe d’assurance qualité de Nurun, de laquelle il fait partie depuis sept ans.
Avec le recul, il réalise que l’industrie n’était peut-être pas taillée sur mesure pour lui.
« Je n’ai pas eu un désenchantement en quittant, mais en prenant une nouvelle perspective. J’entends tellement d’histoires du milieu selon lesquelles les heures de travail sont difficiles. Les gens du jeu vidéo sont portés du bout des bras par la passion.»
Il se dit beaucoup plus heureux aujourd’hui, misant sur plus de temps pour faire travailler les deux « hémisphères de son cerveau. »
« Présentement, mon travail est très technique, donc pour compenser ça, je fais de l’improvisation, j’écris de la poésie, des nouvelles le soir. Je pensais pouvoir faire la même chose en jeux vidéo, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Tu ne peux pas tester un jeu un jour et le programmer le lendemain. On ne s’échange pas les rôles comme ça. »
Se sentir important… et avoir du temps!
Nurun, agence digitale
L’adaptation de François Jean dans son nouveau domaine s’est effectuée en douceur, puisqu’il misait déjà sur de l’expérience en matière de conception de sites web. Lors de ses études, il en créait pour des gens de son entourage.
« J’ai tout de suite trouvé l’équipe très sympathique chez Nurun. J’ai reçu quelques offres depuis les sept années que j’y ai passées, mais je demeure fidèle, parce que je me sens important pour eux. Je n’ai jamais vu une équipe aussi liée que la nôtre. »
Dans ses fonctions, l’analyste a la chance de collaborer avec des clients de l'extérieur du Québec : de Windsor, par exemple, mais aussi de New York et même de Dallas.
« C’est un coup de fouet, réaliser l’envergure de certains projets. C’était bien d’avoir un regard différent des Américains, différent de celui qu’on a comme touriste. C’est bien d’avoir de beaux projets, mais la variété et la richesse des rencontres est ce que je préfère. »
Pour les années à venir, l’homme de 32 ans espère continuer d’avoir un emploi du temps diversifié, entremêlé d’aide au développement, de design et d’assurance qualité.
Et malgré son changement de carrière, les jeux vidéo gardent toujours une certaine place dans sa vie…
« Avec des gens du travail, on a monté un jeu d’arcade. J’ai l’impression que le meilleur contexte pour faire des jeux vidéo, c’est de garder ça simple, de le faire pour le plaisir. »